Les animaux et nous


Charismatiques, touchants, troublants, effrayants, les animaux depuis des millénaires ne laissent pas les hommes indifférents. Animaux porteurs de symboles, vecteurs de croyances, ou bien encore objets de cultes.
 L’animal, puisqu’il ne s’exprime pas avec un langage parlé nous offre dans son silence une infinité de compréhensions possible de ce qu’il est.
L’homme de nos jours étudie les comportements des animaux, élabore des expériences visant à mieux comprendre leurs agissements et leurs ressentis.
Pour autant l’étude de l’animal nous pose plus de questions qu’elle ne nous apporte de réponses.
Qui est l’animal ? Au-delà de son poids en viande ou de la douceur de sa fourrure destinée à devenir manteau, qui se cache derrière cette apparence ?
Certes l’homme s’intéresse depuis fort longtemps à l’animal, mais trop souvent dans un intérêt bien ciblé : les scientifiques et les laboratoires utilisant sans vergogne les animaux pour tester en laboratoire leurs médicaments et autre substances toxiques, les braconniers étudiant le comportement de l’animal uniquement dans le but de mieux le piéger. L’animal serait-il alors « une chose ? », un objet dont on peut disposer à sa guise et qui ne ressent rien ?

De nos jours l’animal «de compagnie » occupe une place très importante dans la vie des hommes occidentaux, le nombre de chiens et de chats dans les foyers ne cesse d’augmenter et nombreux sont les humains développant une relation affective très intense avec leur animal. Les mécanismes de cette relation sont complexes et l’aspect anthropomorphique de celle-ci n’est pas forcément bénéfique pour l ‘animal de compagnie. Aussi  l’émergence de nouveaux métiers comme celui de comportementaliste animalier prend tout son sens au regard des nombreuses difficultés relationnelles existant entre les hommes et les animaux dans nos vies « modernes ».
Plonger au cœur de cette relation, démêler l’écheveau complexe des mécanismes de la communication entre des êtres si semblables par certains aspects mais si différents par d’autres, est un enjeu de taille.
De taille oui… mais passionnant ; que peut donc bien nous révéler l’animal dans la profondeur de son regard ? Et quels sont véritablement les enjeux de la relation entre les hommes et les animaux ?

Au-delà des hiérarchies, l’homme « civilisé » a établi des échelles de valeurs. Bien entendu il se situe lui-même tout en haut de cette échelle : l’humain d’abord, la nature ensuite. Et si de nos jours l’homme occidental  semble avoir (un peu) compris que son rapport à l’environnement doit changer et devenir plus respectueux, c’est surtout qu’au bout de cette démarche sa survie en dépend ! Finalement l’homme ne pense toujours qu‘à lui… sans comprendre que la véritable problématique n’est pas de savoir quel est l’être vivant le plus important sur cette planète, mais que toutes les formes de vies interagissent entre-elles et ont toutes besoin les unes des autres.

Depuis l'Antiquité, mais surtout pendant le Moyen Âge chrétien, (essentiellement en Europe), des philosophes ou théologiens  se sont interrogés sur le « propre de l'homme », se demandant en quoi les hommes se distinguaient essentiellement des autres animaux.
Pour le catholicisme dans lequel l'homme, sommet de la Création, a été fait à l'image de Dieu, cette distinction vis-à-vis des animaux est nette et se caractérise par l'« âme », vue comme « l'esprit employant le Verbe » des Évangiles, et non « âme » vue comme le principe vital de toutes les créatures (le terme âme vient d'ailleurs de « souffle »), comme dans les religions animistes.

Pour La partie de l’humanité fortement influencée par le catholicisme, l’homme, être supérieur, considère avec un certain mépris « l’animalité », celle-ci rimant forcément pour lui avec bestialité et …infériorité. Quelles que soient les définitions de l’animalité, les chemins empruntés pour définir « le propre de l’animal » en arrivent toujours à la conclusion que l’homme lui est forcément  supérieur. Le propre de l’homme, généralement défini par le langage articulé, le rire, et la représentation consciente de lui-même, lui ont donné le droit de s’autoproclamer roi de la planète ; que dis-je… roi de l’univers.
Régnant en maître incontesté sur toutes les formes du vivant, l’arrogance  de l’homme dit « civilisé » le plonge inexorablement vers une chute entrainant malheureusement avec lui tous les mondes du vivant. L’homme a scié lui-même la branche sur laquelle il est assis. Humanité rimerait elle avec … stupidité ?
Cet homme « évolué », avec son intelligence et ses raisonnements sophistiqués n’a bien sûr pas la même relation au monde que les animaux car l’homme réfléchi sa vie tandis que l’animal la ressent. Mais alors La raison et l’instinct peuvent-ils parvenir à  se comprendre ? Pour ma part j'en suis persuadée!

Cette relation homme-animal, parfois aimante, parfois cruelle, mais toujours mystérieuse, nous invite à dépoussiérer les idées convenues, à balayer les certitudes empesées pour enfin s’ouvrir à d’autres perspectives et envisager les relations entre hommes et animaux sous des angles différents. L’esprit, le cœur et la raison ouverts nous mèneront peut-être à la dimension
« anima-le » de l’homme. Et quoi de plus beau que d’explorer les chemins de son « anima » (âme, étymologie latine).

 

                                                                                                                                                    Mishka